Vers la fin de la dynastie Tang [Ðường] (618–907), il y avait une jeune fille d’une exquise beauté du nom de My Nuong [Mỵ Nương] qui vivait avec sa mère et son père, un haut mandarin [quan đại thần] à la retraite, dans une luxueuse villa près d’un petit fleuve. D’un tempérament romantique, My Nuong avait l’habitude de se balader au bord de l’eau pour humer la brise et contempler le paysage.
Par une nuit de pleine lune, en automne, alors qu’elle faisait sa promenade, elle entendit au loin le son d’une flûte [sáo]. La mélodie jouée par le flûtiste l’émut profondément. Cette merveilleuse musique se rapprochait et semblait provenir d’une barque qui passait. Puis, elle s’éloigna. My Nuong ne pensa alors plus qu’à une chose : revenir le lendemain pour guetter la barque.
Pendant trois jours consécutifs, elle savoura chaque soir cette délicieuse musique. A partir du quatrième jour, plus rien ! Elle avait beau attendre, la barque ne revint plus. My Nuong en fut si triste qu’elle tomba gravement malade. Aucun des nombreux médecins que faisait venir son père n’était capable de prescrire le bon remède. Agonisante, elle finit par avouer à ses parents qu’elle était amoureuse du flûtiste. Son seul désir, avant de quitter ce monde, était de le voir. Grâce à son réseau d’influence, le père ne tarda pas à découvrir l’identité de cet inconnu. Il s’agissait de Truong Chi [Trương Chi], un pêcheur très pauvre. On invita Truong Chi à la maison et le traita avec tous les honneurs. Mais, quand My Nuong put enfin rencontrer l’homme qu’elle admirait passionnément, elle poussa un cri d’horreur : Truong Chi était affreusement laid … Elle l’avait imaginé en prince charmant, d’un physique aussi fantastique que son talent. Il n’en était rien. Elle le chassa et retourna dans sa chambre.
Malgré cette cruelle déception, My Nuong fut guérie mais ce fut au tour de Truong Chi d’être hanté par l’image de la belle demoiselle [tiểu thư] qu’il venait de voir ! Tous les soirs, il s’arrangeait pour passer devant la fenêtre de My Nuong et tentait de lui faire entendre son instrument. Mais celle-ci ne voulait plus de lui. Peu à peu, il sombrait dans la mélancolie puis il mourut de chagrin [tương tư]. Quelques amis décidèrent de l’enterrer sur le bord du fleuve.
Des années plus tard, par une nuit orageuse, les torrents retournèrent la tombe de Truong Chi. Au matin, on y trouva non pas son corps, mais un gros bloc de pierre aussi pur qu’un cristal. Des esprits cupides l’emportèrent au marché. Par un heureux hasard, ce fut le père de My Nuong qui acheta cet objet. Fasciné par la pureté de la pierre, il demanda à un artisan d’en faire une tasse de thé.
Un jour, My Nuong aperçut la tasse dans le bureau de son père. Intriguée, elle la rapprocha de ses yeux pour observer de plus près. Soudain, elle y vit transparaître le reflet de Truong Chi dans une barque en train de jouer de la flûte. Le souvenir lui revint. Saisie par le remords, elle éclata en sanglots. Lorsque les gouttes de larmes tombèrent sur la tasse, celle-ci se dissolva progressivement en eau.
On dit que le bloc de pierre est le « cristal d’amour » [khối tình] de Truong Chi. Ses sentiments pour My Nuong étaient si forts que, après sa mort, ils prirent la forme d’un solide. C’est seulement quand cet amour rencontra enfin la bénédiction, la compréhension de la bien-aimée qu’il accepta de se dissoudre.
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